Journal de mon évasion. Gaston Rondot. Camp de Dülmen - Wesphalie le 3 juillet 1918.
" C'est le 27 mai 1918 à 4h du matin, que j'ai été capturé.
Pendant la nuit du 26 au 27 mai, nous avons été soumis à un bombardement par obus toxiques qui dura toute la nuit, nous préssentions une attaque. Elle se produisit au petit jour sur un régiment voisin. La liaison mal établie probablement entre les unités de 1ère ligne, permit aux allemands de pénétrer assez profondément dans nos positions. "
" Les ennemis se trouvaient derrière nous sans que nous le sachions. Une attaque à la grenade de leur part et la surprise aidant les rendit maîtres de la position, les hommes n'ayant pu se défendre.
Au moment où l'assaut se produisit j'étais au fond du trou qui me tenait lieu de bureau et je venais d'expédier les pièces journalières au P.C du B.on.
L'alerte me fut donnée par l'agent de liaison de garde à l'entrée du trou. "
" Au même instant, une grenade éclatait presque sur le corps de cet homme, à 50 cm de ma tête. Il fut blessé mais peu grièvement, j'en fus quitte pour une légère commotion.( Ndld...?? ). "
" Quelques secondes après je sautai sur le plateau espérant leur échapper.
Malheureusement, aussitôt dehors, je vis braqués sur moi plusieurs fusils et, à quelques cm de ma tête, le canon d'un révolver que tenait un officier allemand. J'étais sans arme, je me rendis. "
" Je fus sommé d'inviter mes camarades restés dans le trou, les agents de liaison et je crois, un officier de la compagnie à sortir et à se rendre. Je fis semblant de ne pas comprendre. "
" A cet instant, je crois qu'il m'eût été encore possible de rejoindre un élément français, car j'étais entre les mains des hommes formant l'extrême pointe de leur troupe d'assaut.
Je risquais seulement quelques coups de fusil qu'il m'aurait été facile de parer dans ce terrain tout remué par les obus. "
" Après avoir passé sans encombres les différentes zones de barrages, nous fûmes dirigés, une quarantaine environ, sur Armentières puis après quelques heures de repos, sur Lille, à 5h de l'après-midi.
Là, nous fûmes visités et tous nos papiers enlevés, les photos laissées. "
" La population montra un enthousiasme fébrile à notre vue ; c'était la deuxième fois que des soldats français passaient dans cette région. On nous donna du pain, de la bière, du linge, de l'argent. "
" Après deux jours de séjour à Lhomes nous embarquons à Lille le 29 mai 1918 à 5h du matin pour débarquer quelques heures plus tard à Halluin. Nous fûmes dirigés sur le camp de Neuville-en-Ferrain où nous fûmes internés. "